Forêt, efforts, plaisirs, animations, mémoire
Première photo du matin, éblouis par les couleurs de la nature.
Et heureux de marcher dans une forêt ombragée au milieu des chênes et des fougères.
Aujourd'hui l'étape commence de façon abrupte. Pas de temps d'échauffement. Dur de trouver le bon rythme. Finalement fraîcheur matinale, soleil, forêt, nous donnent des ailes. Nous foulons le sol calcaire avec de plus en plus de vélocité.
Nous prenons de l'altitude et bientôt les pins prennent le pas sur les chênes. Premières fortes sensations olfactives grâce aux essences des pins et des bruyères. Je me crois dans le Jura !
Je fonce de plus en plus. Me voici en train de gravir la Planche des belles filles, je suis Alaphilippe, je rattrape et double les marcheurs partis à 7h30.
Soudain d'autres pas martèlent le sol derrière moi. Un PGV (pèlerin à Grande Vitesse ) arrive. À peine le temps de réagir. Changement d'ambiance et d'époque, me voici en juillet 1964, dans le Puy de Dôme, prêt pour un mano à mano du type celui d' Anquetil /Poulidor. Je perds vite du terrain. Je m'accroche, il me décroche. Je suis à fond, lui aussi. On est à fond tous les deux, mais pas à la même vitesse! Il s'éloigne ce n'est pas grave. Le mano à mano n'a pas duré, mais quel plaisir , l'important c'est de participer!
La montée prend fin au sommet du mont Pedraja. C'est là que se trouve le mémorial en l'honneur des 300 hommes tombés sous les balles des troupes franquistes en 1936 pendant la guerre civile espagnole.
Le chemin reste très accidenté. Les descentes vertigineuses alternent avec des raidillons brefs et extrêmement pentus.
Sur le plateau, l'allée s'est élargie. Nous sommes en plein soleil et nous pouvons marcher sur nos ombres. Une animation joyeuse s'est installée : musique, forêt de totems, tipis indiens, statues de têtes colorées. On peut même faire signer sa crédenciale.
C'est en pente douce , toujours à travers la forêt, que nous descendons vers le village de San Juan de Ortega, où le dit San Juan, disciple de Santo Domingo a fait édifier un monastère. Il est trop tôt pour le visiter. Il n'ouvre qu'à 13heures.
Un peu plus loin, les grelots des chèvres tintinnabulent sur le bord du chemin. Deuxième forte sensation olfactive de la matinée !
Quel plaisir maintenant de descendre en pente douce vers Agés, le village suivant. Le contact de nos pieds sur le sol est amorti par un tapis d'aiguilles de pin. Nous ferons notre pause pique-nique à l'ombre d'un tilleul et admirerons les fresques murales.
Bientôt, en tout début d'après-midi, un swing déchaîné nous accueille à Altapuerca, notre destination du jour.
Nous ne résistons pas. Nous posons sacs et bâtons et nous nous mélons aux danseurs. L'animation est assurée par l'association Burgos swing.
Nous avons vraiment vécu une étape cadeau jusqu'à l'hôtel rural Papasol, un petit peu différent de l'auberge d'hier soir.