Sommes nous toujours sur le chemin ?
Le ciel s'est teinté de gris ce matin mais les rayons du soleil prennent le pas sur les nuages pour intensifier la couleur or des blés.
Contrairement à hier, nous avons eu le temps de nous échauffer avant de gravir une pente assez raide et assez longue. La montée n'est pas rendue aisée par la présence de gros cailloux.
Après une courte descente, l'horizon s'élargit et nous traversons la campagne sur un chemin blanc.
Nous voici maintenant sur le bitume et nous empruntons une route partagée.
Ce partage équitable ne va pas durer. Rapidement la route devient fréquentée par de plus en plus de poids lourds bruyants. Nous longeons un terrain militaire. Notre espace de marcheur se réduit au strict minimum.
Les conditions empirent et nous nous retrouvons dans la zone industrielle de Burgos que nous ne quitterons plus jusqu'à notre arrivée en ville.
Sommes nous toujours sur le chemin ? Les repères sont rares. Aujourd'hui nous sommes deux Don Quichotte égarés dans un monde inconnu. Nous avons envie de brandir nos bâtons de randonneurs pour éventrer nos ennemis du monde industriel. Au XXIème siècle les moulins à vent sont devenus des voitures, des poids lourds, des ronds point qu'il faut contourner, des autoroutes bruyantes. Nous redécouvrons un monde que nous avions presque oublié. Nous sommes déroutés par la vitesse et par tous ces bruits assourdissants. Où sont les odeurs du chemin? Autour de nous, tout n'est que fumée, essence et bitume. Les arbres sont parqués derrière des grillages.
Nous entrons dans Burgos. Nous sommes bien toujours sur Le chemin. On nous offre un dernier signe: une immense coquille jaune, tel un soleil, trône sur la paroi d'un immeuble. Et puis plus rien de bien visible. Ce sont les panneaux urbains qui guideront nos pas vers la cathédrale.
Où sont les douces peintures murales des villages? Celles de la ville ne sont que violence et agressivité.
Font ils un menu pèlerins ?
Le ciel aussi a bien changé. Encore un peu de bleu pour éclairer les premières photos de la cathédrale.
Puis le bleu a disparu complètement. Nous avons toute l'après-midi pour visiter Burgos. La pluie nous incitera à privilégier la cathédrale et les places alentour.
L'intérieur de la cathédrale se visite à l'aide d'un audio guide en français que l'on télécharge sur les portables. Nous admirons l'escalier, les retables, les gisants et autres joyaux.
Nous dormons sous la protection de la cathédrale. Ce matin, mardi 13 septembre, les statues qui jalonnent le chemin nous souhaitent "buen camino "
Le chemin nous conduit hors de Burgos par les campus universitaires.
Les 13 kilomètres jusqu'à Rabe n'offrent pas de paysages remarquables. Qu'importe nous retrouvons le chemin et avec lui notre identité de pèlerin, alors qu'en ville, elle s'était diluée parmi les touristes. Le décor, l'ambiance du chemin et tous ces repères qui concourent à son identité émergent au fur et à mesure que nous nous éloignons de la ville.
Nous retrouvons
Les clochers où nichent les cigognes
Les bancs pour pique-niquer
Les ruelles et les fontaines des villages où les locaux nous gratifient de buenos dias et de buen camino chaleureux.
Les balises ( 2 ou 3 au même endroit) pour qu'on ne s'égare point
Les fresques qui appellent à la rêverie
Les auberges ou les petites pensions rurales ( comme celle de ce soir où l'accueil est prévenant et authentiquement bienveillant )
Oui nous sommes toujours sur Le chemin, heureux de l'avoir à nouveau parcouru sous le soleil. La pluie annoncée a été emportée par les rafales.